POESIE MODERNE 1

Voyez-vous les petits bruits de grès rimés comme du papier ?
Voyez-vous la procession des nuages ?
Percevez-vous la pulpe du sommeil ?
Voyez-vous les statues jaunes disséquées à l’endroit fauve de nos souvenirs ?
Comprenez-vous la ramification des bouches
La peur d’être nous à chaque instant de nos humanités ?

Sur la route – à demi mot – le temps
Qui coule qui vibre qui transpire des
Etés et des estampes
Des tyrannies de fourrure
Des pluies d’enfance quand nous pleurions en bas la désolation de nos propres familles

Le détail saugrenu peut-être d’un foudroiement de patience
Des fleurs écorchées sur le sommet des langues
Le passage d’un train à l’instant d’une solitude
L’alcool rayé
Le tournoiement paisible des oiseaux à perte d’eaux
Mes mains taillées dans le marbre d’un sanglot

Nous avons été des enfants sages
Des épouseurs de lune
Nous avons eu honte des singes dans l’économie des lèvres
Nous avons cru que nous ne survivrions jamais à l’épouvante de
Nous
Nous avons éprouvé la honte dans le sulfure intime
Nous avons eu honte des cheminées des craies des assoiffées crasseuses
Honte des chemins en porte descendante

Ma main meurt d’un clocher suspendu
Des arbres à l’enfilade m’aident à respirer
Et j’écris du tintamarre
Dans un sursaut d’orgueil

Il fallait bien dormir même dans l’étranglement d’un lit vidé du
Ricanement de l’amour